L’éducation jésuite aux périphéries : ça marche !
Faites un exercice de « composition de lieu ». Une idée de saint Ignace qui propose de se mettre à la place de quelqu’un d’autre, dans un endroit bien différent de son environnement habituel, pour ressentir profondément les défis, les peines et les joies qui meuvent l’âme humaine.
Vous avez 22 ans. Vous avez dû quitter votre pays dans un contexte de violence et d’insécurité. Vous avez dû abandonner vos études et vous vous retrouvez dans un camp, dans l’attente - la longue attente - d’un pays d’adoption. Que faire de ces années pour qu’elles ne soient pas perdues ? Vous entendez alors parler du JWL, Jesuit Worldwide Learning, un projet de la Compagnie de Jésus qui permet de faire des études de niveau universitaire à distance, avec les méthodes de l’univers technologique actuel. Vous n’hésitez pas un instant : vous vous inscrivez !
Vous auriez pu aussi entendre parler de ce projet jésuite à dimension internationale parce que vous vivez dans une zone isolée en Afghanistan. Le projet vous permet d’avoir un accès ponctuel à l’internet : vous téléchargez votre matériel scolaire, vos travaux. Vous contribuez en même temps à former une communauté d’étudiants dans votre village et créez ainsi une solidarité qui servira à faire progresser votre peuple vers la paix.
Il se peut aussi que l’accès aux études universitaires vous soit bloqué parce que votre connaissance de l’anglais, une clé essentielle, est trop faible. Vous vous inscrivez alors, comme 3.000 autres jeunes vivant dans des contextes marginaux, au Global English Languageprogramme, offert sur six niveaux. Et des portes s’ouvrent alors, soit pour des parcours professionnels comme les technologies de l’information, l’accompagnement de l’apprentissage scolaire, soit pour des études universitaires en arts et sciences, en administration, dans la protection de l’environnement. Sensibles aux besoins exprimés par les communautés où le JWL est présent, des parcours très créatifs ont été conçus : leadership pour la paix et animateur jeunesse par le sport. Les programmes sont soutenus ou reconnus pas diverses universités, des universités jésuites dans bien des cas. C’est pour celles-ci une manière de servir ces « périphéries » si chères au pape François.
Le projet Jesuit Worldwide Learning est basé à Genève et est dirigé par le P. Peter Balleis, jésuite allemand. Genève est une ville à vocation internationale : on y trouve entre autres plusieurs bureaux de l’ONU. Le JWL collabore avec eux, en particulier avec l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés et l’UNESCO. Comme organisation jésuite, elle œuvre en lien avec le Conseil mondial des Églises et la Fédération luthérienne mondiale. Lors de sa visite à Genève, les 19 et 20 septembre, le P. Arturo Sosa, Supérieur Général, a pu constater l’importance de l’implication jésuite dans le milieu des organisations internationales de Genève. Il a constaté en particulier combien le JWL était à l’avant-garde des projets créatifs et adaptés que les Préférences apostoliques universelles de la Compagnie de Jésus cherchent à susciter.
Pour conclure, le témoignage de Peter Balleis :
« Au sein du JWL, nous sommes inspirés et motivés par le désir et l’engagement dans les études pour les jeunes vivant en marge de la société : comme réfugiés au Kenya, au Malawi, en Jordanie et en Irak, ou dans des régions touchées ou isolées par la guerre en Afghanistan ou au Sri Lanka. Les diplômés du diplôme d’arts et sciences du JWL ont ouvert de nouveaux centres d’apprentissage communautaires en Afghanistan et en Irak, soutenus par le programme d’apprentissage mobile. Notre solution technique et notre modèle d’apprentissage mixte fonctionnent dans des environnements en ligne et hors ligne, permettant aux jeunes défavorisés d’étudier avec leur téléphone intelligent. Et les universités jésuites qui soutiennent le JWL peuvent maintenant atteindre une population étudiante partout dans le monde. »