Vient de s’ouvrir au Vatican le synode spécial sur l’Amazonie. C’est un projet cher au Pape François. On peut y voir sa volonté de donner une orientation concrète à son encyclique sur « notre maison commune », Laudato Si’. Parmi les 185 membres de ce synode, il y a pratiquement tous les évêques de la région amazonienne et d’autres personnes qui travaillent ou sont impliquées aussi bien avec les habitants de la région qu’au niveau environnemental. Dix jésuites sont membres de plein droit de l’assemblée, quatre autres font partie du groupe d’experts invités, deux autres sont « auditeurs ». Enfin deux jésuites font partie de l’équipe permanente du Secrétariat général des synodes.

Nous avons demandé au P. Alfredo Ferro, jésuite colombien et coordonnateur du Proyecto Panamazônico, de nous dire quelle importance a ce synode d’une part pour les gens qui vivent en Amazonie et, d’autre part, pour l’Église catholique et la Compagnie de Jésus. Ce projet de la CPAL (Conférence des Provinciaux jésuites d’Amérique latine et des Caraïbes) a la mission de défendre et de promouvoir la vie et un environnement durable en Panamazonie, en solidarité avec les pauvres et les exclus et en particulier avec les peuples autochtones. Voici ce que nous a partagé Alfredo.

« Je crois que l’un des défis les plus importants que l’Église doit relever lorsqu’elle pose la question des nouvelles voies et qu’elle se concentre sur ce que devrait être l’évangélisation par les missionnaires, est de repenser notre pratique sur le terrain. La proposition, à mon avis, doit être centrée sur le dialogue interculturel, interreligieux et œcuménique qui suppose et exige une écoute très attentive. Il est fini le temps où on devait porter des schémas mentaux qui s’expriment dans une doctrine lourde, des logiques externes qui pensent l’univers à partir de notre vision du monde, des rites occidentaux sans prendre en compte les symboles et les célébrations des peuples autochtones, etc. Nous devons repenser nos agissements et pour cela, il est nécessaire et urgent de reconnaître les erreurs et d’être humblement disposés non seulement à dialoguer, mais aussi à apprendre.

Le fait que le synode se tienne à Rome est un moyen concret de mondialiser l’Amazonie et que l’Amazonie puisse être universalisée, en comprenant que la planète appartient à tous et que ce qui se passe en Amazonie affecte toute l’humanité et les divers territoires au-delà de l’Amazone.

D’autre part, l’impulsion donnée par le Pape François au synode et le soutien à l’Église amazonienne en tant que telle est un facteur fondamental qui catapulte à l’avant-scène le territoire amazonien et ses problématiques. Le pape accompagnera étroitement le synode et son déroulement, en raison aussi de l’intérêt concret que le Saint Père a pour encourager les changements et les transformations dans l’Église amazonienne, ce qui aura nécessairement des répercussions sur les autres Églises qu’elles soient locales, nationales, continentales ou même dans l’Église universelle. Enfin, l’expérience du Réseau ecclésial pan amazonien (REPAM), qui transcende les frontières et cherche une meilleure articulation entre les différentes Églises locales et nationales dans une perspective globale, a contribué à une compréhension large et universelle.

Pour la Compagnie de Jésus, le synode sera un défi compte tenu de sa présence actuelle sur le territoire amazonien dans plusieurs pays, où nous sommes plus de 60 jésuites. Cependant, ce n’est pas seulement un défi pour nous qui vivons en Amazonie, mais pour tout le corps de la Compagnie, qui doit assumer un engagement qui commence par la sensibilisation à ces réalités qui nous touchent tous et qui rend réelle et concrète la priorité que la Conférence des Provinciaux jésuites d’Amérique latine (CPAL) a sur l’Amazonie. Aujourd’hui, nous pourrions dire que c’est une opportunité pour nous tous, renforcée par les Préférences apostoliques de la Compagnie de Jésus, en soulignant particulièrement la quatrième, celle qui parle du soin de la Maison commune. »