Metanoia : une attitude… et une statue

L’artiste belge Johan Tahon avait déjà présenté et au Père Général Arturo Sosa et au Pape François sa sculpture intitulée Metanoia. Elle représente saint Ignace dans son processus de conversion, en particulier durant la transformation intérieure que le chevalier blessé aux jambes allait connaître durant sa convalescence.

C’était au tout début de l’Année ignatienne en mai 2021. Le programme de l’Année jubilaire, à Rome, inclut la présentation au public de cette œuvre dans différents lieux jésuites visités par pèlerins et touristes. D’abord dans les camerette, les chambres de saint Ignace, de septembre à décembre 2021, à Sant’Andrea al Quirinale, en janvier et février 2022, et maintenant, pour le carême 2022, Metanoia - un mot grec qui évoque justement l’attitude de conversion, le retournement du cœur - est présentée à l’église Sant’Ignazio, au plein cœur de Rome.

L’inauguration de l’exposition à cette église a eu lieu le 6 mars, premier dimanche du carême. L’église a créé, par l’environnement artistique et l’éclairage, un espace qui convient parfaitement à la statue. Orchestré par le recteur, le P. Vincenzo D’Adamo, l’événement a permis quatre interventions avant d’être clôturé par un concert d’orgue du Maestro Filippo Manci. Celui-ci a interprété des œuvres de Bach, de Brahms et de Mendelssohn, mettant en dialogue l’art de la sculpture et celui de la musique.

Pascal Calu, scolastique jésuite responsable de l’animation universelle de l’Année ignacienne au Service des communications de la Curie générale, a d’abord pris la parole. Il a souligné l’importance des rêves dans la vie spirituelle; ils nous permettent d’avancer vers des projets plus grands que ce que nous pouvons imaginer. Même dans la faiblesse, suite à des blessures, la conscience de notre vulnérabilité ouvre un espace pour la conversion. Ce qui fut l’expérience d’Ignace; ce qu’exprime bien la statue de Johan Tahon.

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Maria Cristina Misiti, qui a longtemps travaillé au Ministère des biens et activités culturels de l’Italie, a parlé de la relation, dans l’art, entre « conservation et innovation ». Elle a dit tout l’intérêt de l’intrusion de la création artistique contemporaine dans le culte comme dans les espaces sacrés. Elle a souligné combien l’église Saint’Ignazio, en offrant l’hospitalité à l’œuvre intitulée Metanoia, se transformait en un écran grandiose qui permet l’harmonie entre passé et présent.

Ce fut ensuite au tour de Claudio Strinati, professeur, historien et musicologue, de faire le lien entre la sculpture mise en valeur ce jour-là et Ignace de Loyola. Il s’est arrêté sur le mot « ignis », le feu, qu’il retrouve dans le nom d’Ignace de Loyola. Selon lui, la religion et l’art ont été ensemble source d’inspiration pour la tradition jésuite. L’art a une dimension « subliminale » qui laisse passer l’esprit. Le feu est aussi source de lumière, la lumière apporte l’illumination - non seulement extérieure mais aussi intérieure - et révèle la nature de l’esprit. Metanoia inspire au professeur Strinati le passage du combattant blessé à la guerre au combattant engagé pour la foi. Ce qui peut paraître fini, limité, laisse surgir une nouvelle perspective; un passage s’ouvre; la fragilité trouve force dans l’œuvre sculpturale.

À cause d’un problème de santé, Johan Tahon n’a pu être présent à l’église Sant’ Ignazio ce jour-là. Son épouse, qui l’accompagne depuis 20 ans au long de son parcours artistique, a dit l’importance de cette œuvre pour son mari. Elle a rappelé que c’est à la suite d’un pèlerinage à Loyola et après avoir été marqué par l’expérience difficile qu’Ignace avait dû traverser, que Johan Tahon avait créé cette œuvre qu’il a identifié après coup à saint Ignace. Il a ensuite été particulièrement touché par l’ouverture d’esprit et l’intérêt du Pape François pour l’interprétation que lui, sculpteur, avait faite de l’expérience ignatienne, quand il a eu l’occasion de lui faire cadeau de son œuvre.

Vous qui êtes à Rome ou qui y passerez d’ici la mi-mai, ne manquez pas d’aller voir Metanoia à l’église Sant’Ignazio. Elle sera ensuite exposée jusqu’à la fin de l’Année ignatienne, le 31 juillet, à l’église du Gesù, à Rome.

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Publié par Communications Office - Editor in Curia Generalizia
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