L’affaire Rupnik : Les jésuites invitent toute personne ayant subi des abus à les contacter
Le 18 décembre 2022
« L’affaire Rupnik : Les jésuites invitent toute personne ayant subi des abus à les contacter »
« Il y a des procédures pour traiter les plaintes », déclare le délégué du père Sosa.
Déclaration du Père Johan Verschueren SJ, Délégué du Père Général Arturo Sosa
et Supérieur majeur pour les Maisons Internationales de Rome
La semaine dernière, les regards se sont tournés vers deux enquêtes menées sur le ministère du père Marko Rupnik. L'une concernait une question relative au sacrement de réconciliation, l'autre concernait l'abus de plusieurs femmes de la Communauté Loyola par le père Rupnik. Les informations partagées ont suscité de nombreuses questions et je partage ci-dessous une chronologie des événements dans l'espoir d'apporter quelque clarté.
Ma principale préoccupation dans tout cela est pour ceux qui ont souffert et j'invite toute personne qui souhaite déposer une nouvelle plainte ou qui veut discuter de plaintes déjà déposées à nous contacter. Je vous assure que vous serez écouté avec compréhension et empathie. Il y a quelques mois déjà, nous avons mis en place une équipe composée de femmes et d'hommes, issus de diverses disciplines et possédant des compétences variées pour faire face à ces situations. Ils sont disponibles, et l'ont été, pour écouter, soutenir et aider. L'adresse électronique de ce service est : [email protected] et les personnes peuvent écrire en anglais, slovène, français, italien, espagnol, néerlandais et allemand (voir plus bas les explications sur le protocole du traitement de plaintes des victimes et des survivants d’abus).
Je réitère ce que le Père Général a dit le mercredi 14 décembre dernier :
« Le cas du P. Marko Rupnik, qui a été rendu public la semaine dernière, est un bon exemple de tout ce que nous avons encore à apprendre, en particulier sur la souffrance des gens. Ce cas, comme d'autres, nous choque et nous attriste ; il nous oblige à comprendre et à compatir à la souffrance de toutes les personnes impliquées sous une forme ou une autre. Il nous confronte au défi de respecter cette douleur en même temps que nous engageons scrupuleusement les procédures exigées par les lois civiles ou canoniques. Nous cherchons à communiquer cela d'une manière qui ne cache pas les faits, tandis que nous essayons aussi, éclairés par l'Évangile et d'autres expériences humaines, d'ouvrir des voies vers la guérison des blessures produites. »
Je conclus en vous assurant que la Compagnie de Jésus, comme le demande la 36e Congrégation générale, veut créer une culture de protection et que nous nous engageons à respecter les normes les plus élevées dans l'exercice de notre ministère. Nous essayons d'exclure que quiconque puisse courir le risque d'être blessé dans l'un de nos apostolats.
Johan Verschueren SJ
Délégué du Supérieur Général pour les Maisons Internationales à Rome
Langue originale : anglais
Chronologie des enquêtes sur les allégations contre le Père Marko Rupnik
Absolution d'un complice d'un péché contre le 6e commandement
- Octobre 2018 : Des allégations d’inconduite sexuelle et une allégation d'absolution d'un complice par le père Rupnik dans un péché contre le sixième commandement sont reçues par le Délégué de la Curie de la Compagnie de Jésus pour les maisons internationales à Rome. La Compagnie met en place une enquête préliminaire.
- Mai 2019 : L'enquête juge les allégations crédibles. Un dossier est envoyé à la CDF.
- Juin 2019 : Des restrictions préventives sont imposées par le père Guerrero, supérieur majeur de la DIR à cette époque.
- Juillet 2019 : La CDF demande au Père Général de mettre en place une procédure administrative pénale. Le Père Général nomme un délégué et deux assesseurs.
- Janvier 2020 : Le délégué et les assesseurs (tous extérieurs à la Compagnie de Jésus) disent à l'unanimité qu'il y a bien eu absolution d'un complice.
- Mai 2020 : La CDF déclare que l'absolution d'un complice a eu lieu et déclare donc que le P. Rupnik est en état d'excommunication latae sententiae ; l'excommunication est levée par un décret de la CDF plus tard au cours du même mois. Des restrictions (de nature administrative, pour une période de trois ans) sont imposées au P. Rupnik et il cesse d’être directeur du Centro Aletti.
Allégations concernant le p. Rupnik de la part de membres de la Communauté Loyola
- Juin 2021 : La CDF contacte la Curie Générale de la Compagnie de Jésus au sujet des allégations concernant le père Rupnik et certains membres de la communauté Loyola.
- Juillet 2021 : Le Père Général demande au Délégué de la DIR, le p. Johan Verschueren, de mettre en place une enquête préliminaire menée par une personne extérieure à la Compagnie (les restrictions imposées en mai 2020 demeurent en vigueur).
- Janvier 2022 : L'enquête conclut qu'il y a matière à réponse. Les résultats sont envoyés à la CDF avec une recommandation d'un processus pénal.
- Février 2022 : Le P. Verschueren, Supérieur Majeur de la DIR, impose de nouvelles restrictions au ministère.
- Octobre 2022 : Le DDF déclare que les événements sont prescrits ; aucun procès ne peut avoir lieu.
- Les restrictions sur le ministère du P. Rupnik demeurent en vigueur.
- Décenbre 2022 : De nouvelles restrictions sont imposées par le Supérieur Majeur de la DIR.
Une note sur le rôle du Délégué pour les Maisons Internationales à Rome - Note explicative :
Le Délégué pour les maisons romaines est le Supérieur majeur des communautés et institutions suivantes :
• Collegio del Gesù
• Collegio del Bellarmino
• Centro Aletti
• Université Pontificale Grégorienne
• Institut Biblique Pontifical de Rome
• Institut Biblique Pontifical de Jérusalem
• Institut Pontifical Oriental
• Résidence jésuite Pietro Canisio
• Observatoire du Vatican
• La Civiltà Cattolica
• Collegio Russicum
Rome, le 20 décembre 2022
« Nous sommes déterminés à continuer d’améliorer notre réponse face à des allégations d’abus »
Le délégué du Père Sosa explique comment fonctionne le protocole de la DIR du traitement de plaintes des victimes d’abus
Je fais cette déclaration pour expliquer le protocole du traitement des plaintes des victimes d’abus. Une « équipe de référence » a été mise en place en septembre de cette année pour toutes les communautés et œuvres jésuites internationales à Rome qui sont sous ma responsabilité - une responsabilité déléguée par le père Sosa, le Supérieur Général.
Lorsqu’une personne nous contacte via l’adresse de courriel dédiée ([email protected]), sa demande est immédiatement transmise à notre équipe de réponse composée de psychologues, de guides spirituels et d’experts juridiques. Un membre de cette équipe est désigné pour contacter la personne qui a fait la dénonciation afin de recueillir un témoignage complet. Si les faits le justifient, une enquête préliminaire est ouverte.
En fonction du cas spécifique, l’équipe offre toute l’aide et le soutien nécessaires à la personne plaignante et la conseille sur les prochaines étapes. S’il est nécessaire d’engager une procédure formelle contre un jésuite, l’enquête formelle est instruite selon les procédures du droit canonique, ou du droit civil ou pénal.
Il est certain que nous devons encore tous nous efforcer de trouver les meilleurs moyens de gérer ces situations difficiles et de garantir la reconnaissance des faits, la justice et une voie de recours possible (tout en sachant que cela peut impliquer un parcours long et ardu). Nous sommes déterminés à améliorer constamment notre réponse à toute situation d’abus et à recevoir toutes les plaintes de manière ouverte et équitable.
P. Johan Verschueren, SJ
Délégué DIR
(original anglais)