Ça n’est pas une surprise ! Ceux et celles qui suivent les activités de la Compagnie sur notre site web, par les info-lettres et sur nos médias sociaux savent que durant une semaine en début janvier, chaque année, le Père Général réunit son Conseil élargi - dans le jargon de la Curie Générale, le Consiglio Allargato. Si le flot d’information entre le Supérieur Général et ses Assistants les plus proches, est continu - avec des rencontres individuelles chaque semaine et des sessions du Conseil deux ou trois fois par semaine - le père Sosa tient à élargir ce cercle. Sont membres du Conseil élargi les quatre responsables des Secrétariats apostoliques (service de la foi, éducation secondaire et pré-secondaire, éducation supérieure, justice sociale et écologie) et les Présidents des six Conférences de la Compagnie (Amérique latine et Caraïbes, Canada/États-Unis, Europe, Afrique et Madagascar, Asie Méridionale et Asie-Pacifique).

La rencontre de janvier 2024 centre son attention sur le thème de la formation. Elle est donc en bonne partie sous la responsabilité de l’Assistant du Père Général pour la formation, le P. Mark Ravizza. Le programme envoyé aux membres trace le contexte des échanges et des occasions de discernement en commun qui est proposé. On se rend compte que la formation des jésuites est devenue de plus en plus « internationale ». C’est très rare qu’un jeune jésuite fera l’ensemble de sa formation académique et spirituelle uniquement dans sa propre Province. Quelles sont les conséquences, quels sont les avantages déjà identifiés, quels sont les défis ou même les inconvénients liés à cette « mondialisation » de la formation des jésuites ?

Mais un autre volet s’impose à l’attention du Conseil élargi. La Compagnie ne peut plus simplement s’intéresser à la formation de ses membres, mais elle est appelée de plus en plus à offrir des occasions et même des programmes de formation à des « non-jésuites », laïcs ou religieuses et religieux d’autres congrégations, qui sont des partenaires actifs dans la mission de la Compagnie. Les membres du Conseil élargi s’informeront sur ce qui a déjà été mis de l’avant à ce sujet dans différentes Provinces ou au niveau des Conférences. On pourra prendre connaissance des projets de formation du personnel laïque dans des écoles secondaires de la Compagnie où même les postes de direction sont tenus par des laïcs. Une autre expérience sera présentée, celle de la formation des laïcs membres du Réseau Mondial de Prière du Pape.

Nous avons posé quelques questions à Mark Ravizza à propos du Consiglio Allargato de cette semaine.

P. Ravizza, y a-t-il des raisons spécifiques pour que le Conseil élargi consacre du temps au dossier de la formation en ce moment ?

Nous abordons plusieurs thèmes importants en matière de formation lors du Conseil élargi de janvier. Tout d’abord, nous espérons approfondir les intuitions sur la formation qui sont apparues dans le document récent De Statu Societatis. Pour ce faire, nous identifierons les questions de formation les plus urgentes auxquelles chaque Conférence est confrontée et nous discuterons de stratégies communes pour aborder ces questions. Deuxièmement, nous souhaitons aborder le caractère de plus en plus international de notre formation et explorer comment mieux coordonner les efforts entre les Conférences pour soutenir cette formation. Enfin, nous discuterons du besoin croissant de soutenir la formation des laïcs.

Au cours des dernières années, en tant que Conseiller pour la formation, quelles tendances, dynamiques, orientations avez-vous identifiées et que peut-on attendre de la Curie Générale pour soutenir les meilleures pratiques pour la croissance humaine et spirituelle des jésuites en formation ?

Il s’agit d’une vaste question, mais je peux peut-être me concentrer sur une question clé que nous aborderons en Conseil élargi. De nos jours, il arrive que les Provinces aient chez elles des jésuites qui ne suivent qu’une ou deux étapes de la formation, et parfois seulement la régence. En outre, elles envoient souvent leurs confrères dans des centres de formation non seulement au sein de leur propre Conférence mais de plus en plus ailleurs. En conséquence, les décisions prises dans une Conférence en matière de formation peuvent avoir des effets dramatiques sur d’autres Conférences, mais nous ne disposons pas des structures et des espaces de discernement partagés pour traiter ces impacts « inter-conférences ». C’est un domaine où la Curie Générale peut et doit jouer un rôle.

Par exemple, lorsque nous discernons le nombre, le type et l’emplacement de nos centres de formation internationaux, nous devons nous assurer que toutes les réalités « inter-conférences » soient prises en compte de manière appropriée dans le processus de discernement. De même, à mesure que nous devenons plus interconnectés, les possibilités de partager des ressources, telles que des fonds, des enseignants et des cours numériques entre les Conférences, se multiplient. C’est aussi un domaine où la Curie Générale peut aider à animer et à faciliter les discussions entre Conférences pour améliorer le programme de formation partout dans la Compagnie universelle.

Le mot « formation » ne s’applique plus seulement aux jésuites, mais de plus en plus aux partenaires de la mission de la Compagnie, en particulier des laïcs. D’après votre expérience, où en sommes-nous dans ce projet d’offrir des outils de formation pertinents aux laïcs ?

La formation des laïcs a été soulignée comme un besoin critique dans le De Statu Societatis. La bonne nouvelle est que nous collaborons avec de plus en plus de femmes et d’hommes laïcs dans nos œuvres apostoliques, et que beaucoup d’entre eux assument des rôles de leadership de plus en plus importants. Cependant, cette croissance s’accompagne d’un besoin et d’un désir croissants de formation des laïcs. La plus grande part de cette formation est actuellement offerte dans les œuvres apostoliques elles-mêmes, mais il y a une tendance encourageante à créer des programmes de formation communs à travers les réseaux apostoliques. Lors du Conseil élargi, nous espérons étudier certaines de ces meilleures pratiques en matière de formation des laïcs et discuter de la manière de mieux soutenir les hommes et les femmes avec lesquels nous collaborons. Par exemple, comment pouvons-nous les aider à identifier leur vocation laïque unique et à choisir d’être des partenaires à part entière dans la mission ?