Espoirs et perspectives du voyage du Saint-Père en Asie-Pacifique
Publié à l'origine sur le site web de la Conférence jésuite de l’Asie-Pacifique (JCAP)
[Photo de couverture : © JCAP - Le Pape François avec les jésuites en Thaïlande, 2019]
Le Pape François effectue son 45e voyage apostolique du 2 au 13 septembre, en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor oriental et à Singapour. Ce voyage marque son retour en Asie depuis 2019, année où il s’était rendu en Thaïlande et au Japon. Ce voyage de 12 jours sera le plus long voyage à l’étranger du Saint-Père au cours de ses 11 années de pontificat.
Au cours de sa visite, le Pape François rencontrera des jeunes, des personnes âgées et des malades, des enfants handicapés, des représentants du gouvernement, des évêques, des prêtres, des religieux et des missionnaires, et il participera à des rencontres de dialogue interreligieux. Comme pour tous ses voyages apostoliques, il aura des rencontres privées avec les jésuites des communautés locales.
En prévision de la visite apostolique du Pape François, les Supérieurs Majeurs de la Province jésuite d’Indonésie, de la Région de Malaisie-Singapour et de la Région du Timor oriental réfléchissent à l’importance de la visite du Saint-Père dans leur pays et à ses implications pour l’Église locale.
Le P. Benny Juliawan, SJ, Provincial de la Province d’Indonésie
Les catholiques d’Indonésie attendent avec impatience la visite du Pape François. La dernière visite papale a eu lieu en 1989, lorsque le Pape Jean-Paul II a parcouru le pays et visité plusieurs îles. Cette fois-ci, le Pape François ne passera que quatre jours dans la capitale, et tout le monde est occupé à divers préparatifs. On estime à 87.000 le nombre de personnes qui assisteront à la messe pontificale dans le stade Gelora Bung Karno; ils viendront de l’ensemble des 37 diocèses du pays.
Les catholiques indonésiens sont au nombre de 8 millions, soit environ 4 % des 280 millions d’habitants du pays. Il s’agit d’une infime minorité dans le plus grand pays musulman du monde. Les relations entre les catholiques et la population musulmane majoritaire ont été largement pacifiques. Bien sûr, la discrimination existe et il y a eu des conflits, parfois très violents dans le passé, mais il n’y a pas de persécution systémique grâce à la constitution laïque du pays. Les catholiques sont en fait très présents dans divers domaines de la vie publique, notamment dans les affaires, l’éducation et le gouvernement. Les écoles, les universités, les hôpitaux et les organisations caritatives catholiques sont particulièrement réputés. En outre, l’Église catholique joue un rôle actif dans le dialogue interreligieux. La visite du pape mettra sans aucun doute ces caractéristiques positives sous les feux de la rampe, aux yeux du monde entier. Tout n’est pas parfait, mais c’est un exemple de la façon dont l’Église prospère en tant que minorité.
Par ailleurs, le Pape François invitera les jésuites à une audience privée. Nous sommes évidemment ravis de cette perspective et faisons déjà l’envie de beaucoup. Avec sa sagesse et son expérience comme jésuite, il nous apportera beaucoup de joie et nous mettra au défi dans une égale mesure.
Le P. Francis Lim, SJ, Supérieur de la Région Malaisie-Singapour
Avec la visite du Pape François à Singapour, les jésuites de Malaisie-Singapour espèrent mettre en lumière l’identité jésuite de l’illustre visiteur, ainsi que son étroite affinité avec la spiritualité ignatienne et la manière de procéder des jésuites. Cette visite est l’occasion de promouvoir les jésuites et le travail de spiritualité à Singapour, et indirectement, de promouvoir les vocations à la Compagnie de Jésus.
Les jésuites de Malaisie-Singapour invitent également les catholiques de Singapour à présenter leurs prières d’intercession personnelles en vue d’une bénédiction spéciale du pape. Ces intentions peuvent être écrites et déposées dans une boîte prévue à cet effet à la réception du Kingsmead Centre avant le 7 septembre. Au cours d’une audience privée avec le Pape François, nous, jésuites, lui présenterons la boîte et demanderons sa bénédiction pour toutes les intentions recueillies. Nous prierons également à ces intentions tout au long de l’audience.
L’archidiocèse de Singapour se prépare activement à cette visite, tant sur le plan spirituel que logistique. Visitez son site web : https://www.popefrancis2024.sg/ Chaque dimanche, dans toutes les paroisses, y compris la paroisse jésuite de Saint Ignace, cette prière est récitée par l’assemblée après la prière des fidèles :
« Nous prions pour notre Saint-Père, le Pape François, et pour l’Église universelle, afin que sa visite apostolique en Indonésie, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Timor oriental et à Singapour nous inspire à apporter la joie de l’Évangile à tous les peuples, à renouveler et à renforcer notre foi, à convertir les cœurs, à favoriser l’unité et à apporter l’espérance à l’humanité. Amen. »
Le 13 septembre, une session de dialogue interreligieux entre le pape et des jeunes aura lieu à huis clos. Elle sera en fait animée par des jeunes de différentes religions. En tant que pays multiculturel et multireligieux, bien que petit aux yeux du monde, Singapour connaît un taux élevé de vie harmonieuse entre des personnes d’origines différentes. La visite du Pape François renforcera la voix actuelle de la modération grâce à sa présence, celle du chef de l’Église catholique romaine universelle qui, au niveau du diocèse, est à l’avant-garde du dialogue interreligieux à Singapour.
Le P. Erik John Gerilla, SJ, Supérieur de la Région du Timor oriental
Du 9 au 11 septembre, le Timor oriental connaîtra un événement historique avec la visite du Pape François. Il deviendra ainsi le deuxième pape à fouler le sol de cette petite nation de 1,3 million d’habitants. En tant que pays majoritairement catholique, sa visite est très attendue. Le gouvernement et l’Église locale organisent un accueil grandiose et une série d’événements soigneusement planifiés qui, espérons-le, seront bien menés. Ces trois jours ne ressembleront à aucun autre dans la capitale, Dili, avec un afflux prévu de résidents du pays, d’invités étrangers et de médias internationaux.
Au milieu des festivités de la visite du pape, on spécule aussi sur le message fort que le Pape François pourrait délivrer au peuple et à nos dirigeants, à la fois à l’État et à l’Église. J’espère que le Saint-Père s’adressera à nos dirigeants et les encouragera à lutter sans relâche contre la pauvreté et l’injustice, des fléaux qui touchent la majorité de notre population. La paix et l’ordre, ainsi que le bien-être de notre jeunesse, seront également des thèmes opportuns pour son message. En ce qui concerne l’Église, nous espérons que le Pape François ne passera pas sous silence toute la question du cléricalisme, la nécessité de renforcer notre conviction d’être une Église pour les pauvres, et qu’il invitera nos dirigeants et nos anciens à travailler constamment à l’évangélisation des cultures locales.
Le thème de la visite du Saint-Père au Timor oriental est « Que votre foi devienne votre culture » (Que a vossa fé seja a vossa cultura). Ces mots ont été prononcés par le Pape François lui-même lorsqu’il s’est adressé aux trois évêques du Timor lors de leur visite ad limina au Saint-Siège l’année dernière. Des tensions persistent entre la culture ou les coutumes locales et la foi catholique. Le syncrétisme est largement toléré, mais on espère que le Pape François soulignera aux fidèles les valeurs humaines suprêmes qui doivent être défendues au milieu des influences polarisantes de la culture locale et des enseignements catholiques. Les danses et rituels traditionnels occuperont une place prépondérante au cours de sa visite, mais j’espère que le dynamisme que nous transmettrons reflétera l’aspiration commune de la population à une Église et à une nation fondées sur la foi et la justice. Bien que nous ne nous attendions pas à ce que tous les problèmes du pays soient résolus après la visite du pape, nous prions pour que, comme lors de la visite de Jean-Paul II en 1989, elle inspire un renouveau du nationalisme et de la confiance dans l’Église, avec une option préférentielle pour le sort des pauvres.