Oser vivre les valeurs de la Compagnie de Jésus

Le Rassemblement « Au large, avec Ignace », à Marseille, nous a donné l’occasion de visiter l’École de Provence. Un collège des jésuites comme tant d’autres dans le monde, que ce soit à Paris, Kolkata, Buenos Aires, San Francisco ou Douala. Celui-ci est dirigé par une équipe de laïques. Nous y sommes retournés et avons rencontré Mme Marie-Pierre Chabartier, directrice générale, en cherchant en quoi cette institution pourrait se distinguer dans l’esprit des Préférences apostoliques universelles de la Compagnie de Jésus. Laissons-lui la parole.

Nous pensons être un établissement - sans doute comme tant d’autres établissements jésuites du réseau mondial - où nous « osons » vivre les valeurs de la Compagnie de Jésus en accompagnant nos élèves dans la simplicité de ce qu’ils sont alors qu’ils entrent chez nous, puis en essayant de les conseiller dans leur discernement tout au long de leur scolarité afin qu’ils fassent les bons choix pour leur avenir ; qu’ils deviennent des personnes comblées qui savent se mettre au service des autres.

2021-11-22_ecole-provence_mpc

Nous sommes un établissement catholique lié à la Compagnie de Jésus ; les élèves ont donc des occasions d’accueillir, en toute liberté, la parole du Christ. Le service de pastorale est en charge de la formation humaine et des célébrations. Tout enfant ou adolescent qui veut poursuivre son cheminement de foi et recevoir les sacrements peut le faire avec notre équipe d’animatrices en pastorale et notre aumônier.

Parlez-nous de vos élèves. Quelles tensions et quels rêves vivent-ils ou vivent-elles ? Y a-t-il quelque chose qui les distingue de tous les adolescents du monde actuel ?

Je ne sais pas si les élèves des autres pays subissent autant de pression que les nôtres : pression sociétale, pression des parents, pression de l’échec. Nos élèves sont angoissés et nous n’avons de cesse d’essayer de les écouter, les mettre en valeur, les encourager et définir ensemble quelles sont les priorités. La peur du futur est au centre des débats et cela peut pervertir la qualité de leur écoute.

2021-11-22_ecole-provence_group1

Plus largement, et considérant le caractère multiculturel de Marseille, les élèves de Provence apprennent rapidement à s’écouter, à recevoir la parole de l’autre mais aussi à respecter sa croyance. Nous vivons des temps communs que nous appelons « temps forts » qui fédèrent les élèves autour de thématiques.

Vous avez choisi de vous impliquer dans un projet avec le collège Saint Mauront. Dites-nous ce qui vous a conduits à ce choix et surtout comment se vivent les liens - y compris entre élèves - entre les deux institutions.

J’ai été chef d’établissement dans les quartiers Nord de Marseille, des quartiers qui n’ont pas bonne réputation. J’ai été touchée par le désir de ces gamins de découvrir l’autre mais surtout par la peur d’aller à sa rencontre. Les jésuites nous poussent à aller au-delà des frontières, à tenter de faire disparaitre des fractures par la rencontre et les échanges. Nous essayons donc, petits pas par petits pas, de vivre des moments communs entre nos élèves et ceux de Saint Mauront. Nous avons couru ensemble, visité des bateaux ensemble, fait du théâtre ensemble. Des élèves d’ici aident les plus jeunes de Saint Mauront pour leurs devoirs, leur font découvrir des quartiers marseillais, et, bien sûr, jouent au foot (véritable religion commune des Marseillais !).

2021-11-22_ecole-provence_group2

Au plan personnel, en tant qu’Ignatienne, que retirez-vous de votre engagement en éducation dans un cadre de tradition jésuite ?

Ô combien je me sens portée par mon lien avec les jésuites ! C’est une invitation à aller dans le sens contraire de la politique globale où tout le monde se replie sur soi et s’enferme derrière des murs protecteurs. Le projet de la Compagnie de Jésus pour ses établissements associés comme le nôtre « ose » encourager à aller vers l’autre. Pour cela je suis tous les jours reconnaissante et j’essaie d’y participer avec toute ma force et mon énergie. J’espère pouvoir contribuer au sens que donne la Compagnie à l’enseignement : contribuer à ce que des jeunes deviennent des hommes et des femmes acteurs de leur vie, au service des autres dans un environnement écologique que l’on se doit de protéger. Mon souhait c’est que mes élèves soient responsables : en cela j’aurai réussi quelque chose et ma foi m’aide à m’y engager à chaque moment, même quand je doute !

Partagez cet article :
Publié par Communications Office - Editor in Curia Generalizia
Communications Office
Le Service des communications de la Curie générale publie des nouvelles d’intérêt international sur le gouvernement central de la Compagnie de Jésus et sur les engagements des jésuites et de leurs partenaires. Il assure aussi les relations avec les médias.

Articles associés