L’Université IBEROamericana : pour une société mexicaine plus juste

Lors de notre récent passage au Mexique, où se tenait l’Assemblée de la Conférence des Provinciaux d’Amérique latine et des Caraïbes (CPAL), nous avons pu rencontrer le recteur de l’université Iberoamericana de la ville de Mexico (IBERO CDMX), le P. Luis Arriaga Valenzuela. Il a insisté pour dire combien cette institution jésuite n’est pas isolée ou déconnectée des crises qui secouent son pays, mais qu’elle veut jouer un rôle dans l’apport de solutions innovatrices et pertinentes. En quelques mots, la IBERO se sent la responsabilité de contribuer à la construction urgente d’une société où les droits humains et la dignité de tous soient reconnus, protégés et respectés. Il précise :

« C’est bien cela que nous cherchons à transmettre à nos étudiants : qu’à la IBERO ils ont la possibilité et les moyens de se transformer en personnes libres qui se laissent interpeller par la réalité complexe du monde où ils vivent et qu’ils s’engagent à devenir des leaders de la transformation sociale. »

Nous lui avons demandé jusqu’à quel point le défi que le Père Arrupe avait lancé aux université jésuites, celui de former des hommes et des femmes pour les autres, était atteint.

2022-07-06_ibero_rector

P. Luis Arriaga Valenzuela.

« La conception du Père Arrupe a toujours été présente dans la conception de nos plans académiques. La colonne vertébrale de nos programmes est ignatienne, quelle que soit la matière. Cela permet d’avoir un impact, de manière ponctuelle, sur les étudiants quel que soit leur champ d’études. Cela contribue à offrir une formation intégrale.

Des exemples, qui manifestent notre participation au Pacte éducatif global, que promeut le Pape François. Un groupe d’étudiants en architecture a remporté un concours international pour se rendre à Varsovie et présenter un projet dans lequel des conteneurs sont réutilisés pour construire des logements sociaux. Aussi, au sein de notre propre Institut de recherche appliquée et de technologie (InIAT), d’anciens élèves créent des prothèses pour améliorer la qualité de vie des personnes handicapées.

Ce sont là deux exemples clairs qui montrent que tant les personnes en formation que celles qui sont déjà sur le marché du travail gardent conscience que l’action doit s’accompagner du sens pratique que saint Ignace a tant transmis. Et cette connaissance doit être mise au service de la justice sociale. »

Le Mexique, pays avec de fortes racines catholiques, a connu des épisodes d’anticléricalisme. Quelle vision du christianisme offre l’université, selon le recteur ?

« Nous nous souvenons de la réflexion du Père Général lorsqu’il nous disait que, dans une époque de tension entre le sécularisme et le fanatisme religieux, les universités confiées à la Compagnie sont appelées à être un espace où le message libérateur de la Bonne Nouvelle de l’Évangile peut contribuer à trouver de meilleures façons de générer la vie au milieu des difficultés et des incertitudes. C’est ce à quoi nous aspirons.

À la manière des jésuites, nous partageons avec notre communauté une vision de la spiritualité et du christianisme qui n’est pas étrangère à la vie quotidienne ou au reste des dimensions humaines. C’est un moyen, un outil de plus, pour construire des dialogues qui contribuent à la compréhension et à la solution des grands problèmes de société. »

2022-07-06_ibero_filming

Voilà, pourrait-on penser, une vision large du christianisme. Mais, plus précisément, avons-nous demandé au P. Arriaga, comment une université de la Compagnie de Jésus peut-elle contribuer à forger un meilleur avenir pour le Mexique ?

« C'est une question excellente et opportune. Tout au long de ma carrière professionnelle, je me suis efforcé de trouver des mécanismes permettant de remédier à plusieurs des problèmes sociaux qui affligent notre pays. La plus grande crise que nous connaissons actuellement est celle de la violence, de la sécurité et de la justice. Plus de 100 000 personnes disparues dans tout le pays est un chiffre qui devrait nous ébranler ; les années précédentes, nous avons eu plus de 35 000 homicides et les tendances ne semblent pas changer. L’accès à la justice pour les familles des victimes de féminicides est pratiquement inexistant.

Revenir à Saint Ignace de Loyola est une façon de cimenter ce qui a été fissuré. Les institutions éducatives confiées à la Compagnie de Jésus ont un avantage comparatif par rapport aux autres universités d’ordre religieux ou laïc : nous avons une spiritualité basée sur quatre sédiments qui rassemblent l’espérance dans leur action :

• Trouver Dieu en toutes choses.
• Être contemplatif dans l'action.
• Regarder le monde d'une manière incarnée.
• Rechercher la liberté et le détachement.

Pour conclure, je voudrais reprendre les paroles de mon confrère maintenant décédé, Saúl Cuautle, SJ: l’indifférence aux problèmes de nos frères et sœurs plus faibles, face aux pauvres, à la détérioration de l’environnement, à la crise du leadership, ne fera jamais partie de notre identité de membres de l’IBERO.

Nous partageons cette conviction avec tous les étudiants qui passent par les salles de classe des universités de la Compagnie de Jésus. »

2022-07-06_ibero_students
Partagez cet article :
Publié par Communications Office - Editor in Curia Generalizia
Communications Office
Le Service des communications de la Curie générale publie des nouvelles d’intérêt international sur le gouvernement central de la Compagnie de Jésus et sur les engagements des jésuites et de leurs partenaires. Il assure aussi les relations avec les médias.

Articles associés