Saint Jean de Brébeuf

Saint Jean de Brébeuf

Jean de Brébeuf

Saint

  • Death: 03/16/1649
  • Nationality (place of birth): France

Le P. Jean de Brébeuf (1593-1649) était le premier missionnaire jésuite à arriver en Huronie (en 1626). Il maîtrisa rapidement la langue des Hurons, fonda des avant-postes, convertit des milliers de Hurons à la foi, et inspira à de nombreux confrères jésuites d’être volontaires pour la mission en Nouvelle France. Avec un corps massif, son caractère doux et le cœur d’un géant, il est connu comme l’apôtre des Hurons.

Il est né en Normandie en France et entra chez les jésuites après ses études universitaires. Dans un esprit d’humilité il demanda à devenir frère, mais le supérieur le convainquit d’étudier pour devenir prêtre. Il enseigna dans une école secondaire à Rouen et reçut ensuite l’ordination sacerdotale le 19 février 1622. La même année il devint économe du collège. Le grand et rude jésuite répondit à un appel lancé 2 ans plus tard par les Récollets Franciscains, qui demandaient à d’autres religieux de venir les aider à évangéliser les indigènes d’Amérique du Nord. En compagnie de 4 autres jésuites, le P. de Brébeuf arriva à Québec le 19 juin 1625. Pendant qu’il attendait les Hurons, le P. de Brébeuf rejoignit un groupe de Montagnais pour une expédition de chasse qui dura d’octobre à mars. Le jeune prêtre français apprit à s’adapter à leur façon de voyager et de se nourrir.

Quand l’été vint, un groupe de Hurons arriva au Cap de la Victoire pour échanger des biens. Le P. de Brébeuf, un autre jésuite et un franciscain demandèrent de pouvoir les accompagner à leur retour à leur pays. Les Hurons acceptèrent de prendre le franciscain et l’autre jésuite, mais pas le P. de Brébeuf, qui les dominait de toute sa taille; il était trop grand pour leurs canoës, ils craignaient la difficulté de le transporter. Les missionnaires leurs offrirent alors suffisamment de cadeaux pour les convaincre d’accepter, et le P. de Brébeuf reçut l’autorisation de monter dans un canoë, à condition de promettre de na pas bouger. Le 26 juillet le P. de Brébeuf entama son voyage vers l’Huronie. Quand les voyageurs arrivaient à des cascades ou d’autres endroits où ils devaient transporter les canoës et tous les bagages, la force herculéenne du P. de Brébeuf fit leur admiration. Ils l’appelèrent «Echon» (l’homme qui transporte les fardeaux).

Le groupe arriva en Huronie vers la fin du mois d’août, et les missionnaires s’établirent à Toanché, un village du clan des Ours de la nation huronne. Le P. de Brébeuf commença par se consacrer pendant 2 ans à l’apprentissage de la langue, des coutumes et des croyances des Hurons. Il était doué pour les langues et écrivit une grammaire du Huron, traduisit un catéchisme, et prépara un livre avec des phrases. Ses succès linguistiques ne l’amenèrent pas à convertir des adultes ; les seuls convertis étaient les mourants, qu’il baptisait. Les efforts missionnaires du P. de Brébeuf furent arrêtés, quand on l’envoya en France après la fin de la guerre franco-anglaise. Un blocage anglais avait empêché les français de ravitailler leur colonie. Le 17 juillet 1629 il amena donc 20 canoës chargé de grain à Québec. Deux jours après son arrivée, les Français capitulèrent et il a été renvoyé en France avec d’autres missionnaires.

Le P. de Brébeuf reprit son travail au collège de Rouen, mais retourna dès que possible au Canada, quand ces territoires furent rendus à la France par un traité. Il arriva à Québec en mai 1633, mais il n’a pas pu se rendre en Huronie avant l’été suivant, quand les Hurons arrivèrent avec une petite flotte de 11 canoës au lieu de leur flotte habituelle de plus de 100 canoës. Ils avaient souffert d’une épidémie, et ne souhaitaient pas être retarder par le transport des missionnaires, mais le P. de Brébeuf et le P. Antoine Daniel réussirent à les convaincre. Les 2 missionnaires furent séparés de leurs hôtes pendant le voyage, mais les retrouvèrent à un village nommé Taendeuiata. Ils accueillirent le P. de Brébeuf, heureux de son retour chez eux, comme il l’avait promis. Les jésuites se construisirent une cabane juste en dehors du village, pour eux-mêmes et leurs 5 aides laïcs, une petite communauté missionnaire. Le P. de Brébeuf apprit aux autres la langue des Hurons et leurs coutumes. Finalement, en 1635, lui-même et le P. Daniel commencèrent leur ministère de missionnaires, travaillant pendant la journée avec des enfants et avec les adultes le soir. Après une année de dur labeur, ils avaient baptisé 12 personnes, 4 enfants et 8 adultes peu avant qu’ils ne meurent.

La rivalité entre la religion chrétienne et la religion traditionnelle était une constante dans la mission. Quand une sécheresse sévit dans le pays, les chefs de la religion traditionnelle l’attribuèrent au crucifix fixé sur la hutte des prêtres ; les jésuites répondirent par une neuvaine et une procession autour du village. Quand la pluie se mit à tomber, les jésuites l’interprétèrent comme une réponse à leurs prières. Quand le P. Isaac Jogues arriva en 1636, une épidémie de variole éclata parmi les jésuites et leurs aides et s’étendit ensuite aux Hurons. L’épidémie dura tout l’hiver, période durant laquelle les jésuites baptisèrent plus de 1.000 personnes, toutes à l’article de la mort. Les hurons accusèrent les jésuites d’avoir provoqué l’épidémie pour pouvoir faire des conversions. Quand le P. de Brébeuf fonda une mission à Ossossané, le Conseil du village le rendit responsable d’avoir causé l’épidémie qui s’attardait chez eux, et ils décidèrent de le tuer. La même décision fut prise pour tous les jésuites par un conseil de la nation huronne, qui se réunit en mars 1640.

Le P. de Brébeuf quitta alors les Hurons et se rendit au Quartier Général de la mission à Sainte Marie, et alla évangéliser une autre tribu, les Neutres, mais il fut obligé de s’enfuir à Québec, quand on l’accusa de trahir ses hôtes en complotant avec les ennemis des Hurons, le clan Iroquois ‘Seneca’. Du mois de juin 1641 au mois d’août 1644 le P. de Brébeuf assura le ravitaillement de la mission. En fin de compte il put retourner à Sainte Marie, mais les Iroquois se faisaient de plus en plus menaçants. Les PP. Isaac Jogues et Antoine Daniel avaient déjà été martyrisés. En septembre 1648 le P. Gabriel Lalemant rejoignit la mission. Le 15 mars 1649 il quitta Sainte Marie avec le P. de Brébeuf pour leur tour hebdomadaire des missions; ils passèrent la nuit au village de Saint Louis. Les Iroquois attaquèrent un village des environs, et les Hurons envoyèrent leurs femmes et enfants se cacher dans la forêt. Les deux jésuites choisirent de rester dans ce village où la majorité était des chrétiens. Le lendemain au lever du jour les Iroquois escaladèrent en masse les palissades et firent les Hurons prisonniers. Un renégat Huron parmi les Iroquois informa les Iroquois qu’ils avaient capturé le puissant Echon, le plus puissant des sorciers jésuites.

Après quelques tortures préliminaires, les jésuites et les captifs Hurons furent forcés de courir nus dans la neige jusqu’à un village proche, où d’autres guerriers les attendaient. Les prisonniers durent courir entre 2 haies de guerriers; quant aux deux jésuites, ils furent conduits à l’endroit de leur exécution. Les guerriers chauffèrent une série de lames de haches et placèrent ces fers rouges sur les épaules du P. de Brébeuf. Il ne poussa pas un cri ; ensuite les Iroquois le couvrirent d’écorce résineuse qu’ils enflammèrent. Il continua à encourager ses compagnons chrétiens à rester fermes. Ses ravisseurs lui coupèrent le nez, et enfoncèrent une tige de fer chauffée à blanc dans sa gorge pour le faire taire; ensuite ils versèrent de l’eau bouillante sur sa tête dans une parodie du baptême, le scalpèrent, lui coupèrent les pieds et extrayèrent son cœur. Il avait 46 ans et avait passé 20 ans dans la Nouvelle France.

Autres martyrs d’Amérique du Nord

Initialement regroupé et édité par: Tom Rochford,SJ

Traducteur: Guy Verhaegen