Sur les traces du prophète Élie

2019-07-09_sporschill_main-1280

Georg Sporschill est un jésuite de la Province d’Autriche. Il est bien connu pour sa créativité dans le domaine social. Nous lui avons offert l’occasion de faire le point avec nous. Il nous a plus particulièrement parlé du projet ELIJAH qu’il dirige depuis 2012. Voici son témoignage.

Le père Sporschill:

J’ai étudié la psychologie et l’éducation, parce que j’ai toujours été intéressé par les questions thérapeutiques et la jeunesse. En 1982, j’ai commencé avec CARITAS une maison pour garçons qui sortaient de prison ou qui vivaient dans la rue, la plupart d’entre eux avaient des problèmes de drogue et d’alcool. On m’a ensuite poussé à ouvrir une maison pour filles en coopération avec la Mairie de Vienne. Avec une équipe formidable, tous amis dans le Christ, j’ai ouvert trois nouveaux refuges pour sans-abri l’hiver suivant. En 1987, nous avons fondé le restaurant INIGO qui offrait aux sans-abri la possibilité d’apprendre et de travailler dans les services de restauration.

2019-07-09_sporschill_sporschill

En 1990, j’ai eu l'idée de CANISIBUS. Il s’agit d’un minibus qui, aujourd’hui encore, roule tous les soirs vers les gares principales et rencontre les sans-abri. Une équipe de bénévoles leur apporte soupe chaude, aide et amitié. Tous les soirs depuis lors, le CANISIBUS rejoint de nombreux sans-abri et leur ouvre une porte. De cette façon, saint Canisius est toujours missionnaire à Vienne.

Ensuite, en 1991, j’ai été envoyé en Roumanie pour commencer à travailler avec les enfants de la rue. C’est ainsi que CONCORDIA a vu le jour en Roumanie, en Bulgarie et en Moldavie, offrant nourriture, logement, travail de rue, éducation et formation professionnelle. En 2012, l’œuvre a été remise à mes successeurs.

Cette année-là, j’ai déménagé en Transylvanie/Roumanie, dans des villages où de nombreux Roms, ou Gitans, vivent dans des conditions incroyablement déplorables. La plupart des familles, chacune avec de nombreux enfants, vivent sans eau ni électricité et n’ont aucun revenu. Les parents ne savent ni lire ni écrire et ne sont pas intéressés à envoyer leurs enfants à l’école.

2019-07-09_sporschill_family

Comme le prophète Élie, nous voulons nous battre pour ces démunis et les intégrer en tant que citoyens en Europe, pas seulement pour être considérés comme des mendiants ou des criminels. La musique a été d’une grande importance pour initier la scolarisation de ces enfants. ELIJAH gère aujourd’hui deux écoles de musique de 250 élèves, travaille dans six villages et a créé quatre centres sociaux (maternelles, cuisines avec repas chauds, activités extrascolaires, blanchisserie, aide médicale - dentiste et médecin de famille - ainsi que des douches sont proposés).

Nous avons ouvert une maison d’hôtes, sous le nom de STELLA MATUTINA. Ici, les jeunes femmes apprennent l’entretien ménager, la boulangerie, la cuisine et la culture de la table. Un projet agricole a été lancé pour offrir du travail et de la formation afin de produire des produits alimentaires sains pour toute l’organisation. ELIJAH dispose également d’un atelier de menuiserie bien aménagé, ainsi que d’une équipe d’ouvriers du bâtiment, qui rénovent et construisent des maisons familiales dans des villages dévastés.

Beaucoup de nos travailleurs sociaux ont été eux-mêmes des enfants de la rue, qui ont pu surmonter leurs épreuves. Nous écoutons et apprenons des Roms, étape par étape. Notre but n’est pas de parler du peuple gitan, mais de parler avec lui et de vivre avec lui. ELIJAH est une expérience pratique de partage de la vie avec tous ses problèmes et ses joies.

2019-07-09_sporschill_team

En repensant à mes engagements au fil des ans, je dirais que construire des ponts, c'est exactement ce que nous, les jésuites, devons faire dans l’apostolat social. Nous sommes les ponts entre les riches et les pauvres, entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas, ceux qui peuvent travailler et ceux qui ne peuvent pas, entre les Roms et les autres Européens, entre les personnes âgées et les jeunes, entre les malades et les personnes en bonne santé. Dans ce contexte, mon rôle dans ces projets a été de les démarrer, de former les premières générations, de les accompagner. La plupart des projets continuent de fonctionner indépendamment de moi. Avec des volontaires et des amis, nous, jésuites, vivons et offrons l’esprit ignatien qui nous invite à aimer plus par les actes que par les paroles.

Partagez cet article :
Publié par Communications Office - Editor in Curia Generalizia
Communications Office
Le Service des communications de la Curie générale publie des nouvelles d’intérêt international sur le gouvernement central de la Compagnie de Jésus et sur les engagements des jésuites et de leurs partenaires. Il assure aussi les relations avec les médias.

Articles associés