Le Bienheureux Juan Antonio Solinas

Le père Juan Antonio Solinas (Giovanni Antonio Solinas) est né le 15 février 1643 dans le village d’Oliena, en Sardaigne (aujourd’hui Italie). Il est entré dans la Compagnie de Jésus à Cagliari le 12 juin 1663. Après ses études de théologie et son ordination à Séville en 1673, il est envoyé avec trois autres jésuites sardes, l’année suivante, dans ce qui est alors la Province du Paraguay (correspondant à ce que sont aujourd’hui le Paraguay, la partie sud-est de la Bolivie, le nord de l’Argentine, le sud du Brésil et l’Uruguay). Â la suite de son Troisième An à Santa Fe, ses supérieurs le nomment d’abord dans la réduction guarani de Santa Ana, puis dans celle d’Itapúa.

Animés d’un désir d’évangélisation, les jésuites ont cherché à relier les peuples de la Chiquitania (en Bolivie) à leurs autres missions, jusqu’aux portes de la Patagonie. La région du Chaco, qui s’étend du sud de la Bolivie au nord-ouest de l’Argentine, représente alors un défi apostolique majeur. Juan A. Solinas a fait savoir sa disponibilité pour évangéliser ces communautés et demeurer avec elles, sans les abandonner et en leur procurant « la nourriture nécessaire et toute autre forme d’aide possible ». Selon un contemporain, Solinas - dévoué, familier de la souffrance, doux et avenant de caractère, très aimé de ses compagnons - « était un soutien pour les pauvres auxquels il donnait nourriture et vêtement, un médecin pour les malades qu’il soignait avec une grande délicatesse, et un remède universel pour tous les maux corporels ».

Lors d’une expédition missionnaire en 1683, alors qu’on célébrait la paix, quelque cinq cents Indiens arrivent avec plusieurs caciques et se mettent à les encercler et à les menacer pendant plusieurs jours. Au matin du 27 octobre, les prêtres prient et célèbrent l’eucharistie. Puis ils parlent de Dieu à leurs assiégeants, sur un ton amical. L’après-midi, apparemment encouragés par les sorciers de leurs clans, les assiégeants attaquent les missionnaires et tous ceux qui les accompagnent avec des flèches, des lances, des gourdins et des matraques, et ils les tuent cruellement.

La fidélité de ces martyrs à persévérer dans leur engagement pour la réconciliation entre les différents groupes locaux, en étant prêts à donner leur vie pour eux et à pardonner à leurs agresseurs, nous permet de percevoir la hiérarchie de leurs valeurs chrétiennes. Par ailleurs, l’attention à la personne qui caractérise Solinas et ses compagnons en tant que médecins du corps et de l’âme montre clairement comment l’action évangélisatrice menée avec la grâce de Dieu, fait droit aux aspirations de tout être humain, par la communication de la vie intégrale qu’offre Jésus Christ.

Lettre du P. Arturo Sosa, SJ, Supérieur Général, le 24 juin 2022

Lisez :
Giovanni Antonio Solinas SJ, béatifié en Argentine le 2 juillet 2022
Le père Solinas, ambassadeur de la réconciliation