Pour les jésuites en Afrique de l’Est, les défis sont des bénédictions

La Curie Générale reçoit à nouveau des visiteurs. Vient de commencer cette semaine une session - appelée Colloquium - pour les nouveaux Provinciaux nommés au cours de la période de pandémie. Nous avons interviewé l’un d’entre eux, le Provincial d’Afrique de l’Est, Kizito Kiyimba.

Kizito Kiyimba, vous êtes originaire d'Ouganda. Pouvez-vous nous dire quelques mots sur vous et sur votre vocation ? Comment les jésuites ont-ils gagné votre cœur ?

Je suis le deuxième enfant d'une famille de sept frères et sœurs, mais nous étions toujours une dizaine d'enfants à la maison. Mes parents étaient des instituteurs qui nous ont appris à bien vivre ensemble, en bons citoyens et en bons chrétiens. Mon désir d'être prêtre remonte à ma petite enfance. Je suis entré au petit séminaire et suis resté sur cette voie jusqu'à la première année de théologie. Le passage chez les jésuites a commencé lorsque le père Joseph Galea SJ, l'un de mes professeurs, m'a encouragé à essayer la vie religieuse chez les jésuites. C'était assez courageux de sa part. Mais je lui en suis reconnaissant, car mes nombreux désirs liés à la prêtrise n'ont fait que croître et se réaliser depuis lors.

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Vous êtes Provincial d'une grande Province en Afrique de l'Est (Éthiopie, Kenya, Sud Soudan, Soudan, Tanzanie et Ouganda). Dites-nous quelques mots sur les caractéristiques démographiques de votre Province.

La Province d'Afrique de l'Est (AOR) a la chance de compter 227 jésuites, c'est-à-dire 10 frères, 108 scolastiques et 109 prêtres. Notre âge moyen est d'environ 43 ans. Nous venons du monde entier, mais une majorité croissante vient des six pays de la Province. Nous avons 11 jésuites de plus que l'an dernier. Nous sommes engagés dans : les écoles, les paroisses, la justice sociale, la pastorale des jeunes, les retraites, les services aux pauvres, l'apostolat intellectuel, les services aux réfugiés, les médias et la prière pour l'Église et la Compagnie.

Il y a certainement une diversité parmi les peuples de ces terres, parmi les jésuites également. Comment, en tant que Provincial, pouvez-vous créer l'unité d'esprit ?

Nous apprenons à célébrer notre riche diversité culturelle et ethnique. En tant que jésuites, nous avons la mission d'apprendre des gens que nous servons et de leur enseigner comment bien vivre ensemble et comment penser et s'engager au niveau régional. Le lien de notre unité en tant que Province est l'urgence et la complexité du travail à accomplir et la conscience aiguë que nous avons besoin les uns des autres pour commencer à répondre à l'appel du Royaume de Dieu dans cette partie du monde.

Vous êtes Provincial depuis plus d'un an. Pouvez-vous identifier les trois principaux défis auxquels vous avez été confronté ?

Jusqu'à présent, les trois principaux défis auxquels nous sommes confrontés sont simultanément trois grandes bénédictions. Nous manquons de fonds, nous devons faire face à une demande urgente et élevée de notre engagement en tant que jésuites mais tant de nos compagnons sont encore en formation. En même temps : nous sommes appelés à travailler avec de maigres moyens comme Jésus lui-même l'a fait ; nous sommes susceptibles d'être pertinents dans un avenir prévisible ; et la jeunesse et le nombre de compagnons sont un signe d'espoir.

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Des étudiants souriants après avoir installé une pompe à eau solaire au MAJIS, au Sud Soudan.

Les défis sont des bénédictions dans la manière dont nous vivons les Préférences Apostoliques Universelles. Un récent appel aux laïcs à suivre les Exercices Spirituels dans la vie quotidienne, dans le cadre de la célébration de l'Année Ignacienne, a eu trois fois plus d'inscriptions que prévu. La faim pour les Exercices est réelle. Nous accueillons le plus grand nombre de réfugiés de la sous-région, en plus de la pauvreté endémique. Nous sommes au service des personnes marginalisées. Nous avons la population la plus jeune du monde, avec quatre de nos pays dans la tranche des vingt pays ayant la population la plus jeune. Nos écoles, l'accompagnement des jeunes et l'engagement social vont à leur rencontre. Environ 800.000 personnes au Sud-Soudan ont été gravement touchées par les inondations de novembre 2021. De tels besoins dépassent nos efforts au Centre écologique et à l'Institut jésuite multi-éducatif et agricole du Sud-Soudan (MAJIS), mais nous faisons quelque chose pour éduquer et influencer le changement.

Je peux ajouter que la situation au Sud-Soudan est un rappel vivant et une définition de ce que nous sommes en tant que Province. Nous sommes jeunes en tant que nations et en tant que Province, la paix dont nous jouissons demande une vigilance constante à laquelle nous devons nous engager en tant que peuple uni. Notre présence en tant que jésuites implique la responsabilité de créer des espaces et des opportunités pour un dialogue significatif et durable - principalement par le biais de l'éducation. Je rêve d'un centre régional pour la paix et la réconciliation à Juba.

Enfin, sur le plan spirituel, où trouvez-vous l'espoir dans vos responsabilités quotidiennes et votre rôle en Afrique de l'Est ?

Le fait de grandir comme je l'ai fait dans l'Ouganda des années 70 et 80 m'a appris l'espoir. En ce moment, mon espoir provient de quatre sources : le nombre de jeunes jésuites augmente régulièrement ; la qualité des personnes qui se joignent à nous correspond à leur nombre ; le besoin de jésuites et de collaborateurs jésuites est palpable ; les amis sont fiables.

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Publié par Communications Office - Editor in Curia Generalizia
Communications Office
Le Service des communications de la Curie générale publie des nouvelles d’intérêt international sur le gouvernement central de la Compagnie de Jésus et sur les engagements des jésuites et de leurs partenaires. Il assure aussi les relations avec les médias.

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