Le Pape François avec ses compagnons jésuites de Québec
Fin juillet, le Pape François a effectué un voyage au Canada qui a beaucoup attiré l’attention. Alors que la santé du pape était fragile et que les déplacements lui étaient pénibles, il a tenu à remplir l’engagement qu’il avait pris à Rome devant les chefs des nations autochtones du Canada en mars 2022, celui d’aller les visiter chez eux. François l’a affirmé clairement, il s’agissait d’un voyage pénitentiel, inscrit dans un long processus visant la guérison et la réconciliation entre l’Église catholique et les autochtones du Canada.
Le nœud
le plus difficile à dénouer était celui des « pensionnat
autochtones ». Un programme du gouvernement canadien, officialisé en 1883
et qui a duré jusque dans les années 90 au 20e siècle, retirait les
enfants de leurs familles autochtones dans le nord du pays pour les inculturer
« de force » dans des institutions, au sud. Les liens étaient
pratiquement complètements rompus entre les enfants et leurs familles. Le
gouvernement a confié la gestion de ces pensionnats à diverses congrégations
religieuses qui, au cours des dernières années, ont demandé pardon d’avoir
accepté de participer à cette opération jusqu’à un certain point génocidaire.

Notons que les jésuites du Canada n’ont eu la responsabilité que d’un seul pensionnat, le Spanish Indian Residential School, en Ontario. La Compagnie de Jésus du Canada, en 2013, a officiellement reconnu ses torts et a demandé pardon pour avoir participé à ce système non respectueux des cultures autochtones.
La
visite du Pape François, en trois étapes - Edmonton, Québec et Iqaliut - chacune
liée à des groupes spécifiques de nations autochtones et de métis du Canada,
était essentiellement centrée sur ce projet de réconciliation. Il avait fallu
du temps aux évêques canadiens pour trouver l’unité nécessaire entre eux pour
aborder la question des pensionnats et pour ouvrir des voies de véritable
dialogue. Quand le terrain fut suffisamment préparé, le pape a jugé qu’il
pouvait apporter sa contribution personnelle au processus qui, tous
l’admettent, n’est pas achevé.

C’était là le contexte de la présence de François au Canada. Cependant, comme il le fait pratiquement lors de chacun de ses voyages, le Saint-Père a tenu à offrir la possibilité aux jésuites du Canada de le rencontrer et d’échanger tout bonnement avec lui, sans ordre du jour, entre confrères qui partagent préoccupations et espérances. La rencontre a eu lieu à Québec. Les circonstances de calendrier ont fait que cette visite a eu lieu au moment où les jésuites du Canada tenaient une assemblée statutaire, leur Congrégation provinciale, à Midland en Ontario. Aussi bon nombre de ceux qui auraient voulu profiter de cette rencontre personnelle avec le pape n’ont pu être présents. Le supérieur de Québec, Marc Rizzetto, était tout de même là avec une vingtaine de confrères, y compris plusieurs scolastiques, dont des haïtiens qui sont membres de la Province du Canada.
Pas
de discours, une espace de conversation entre confrères sur divers sujets comme
la question autochtone, le sens de la synodalité et du synode sur ce thème, les
relations avec les médias, les questions de droit, tradition et
traditionalisme, la liturgie, Haïti. Le P. Antonio Spadaro, jésuite et
directeur de la revue La Civiltà
Cattolica, lui qui accompagne le pape dans tous ses déplacements
internationaux, était sur place et a publié un excellent résumé des échanges.
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